Niger : kiosque à essence, la station service du citoyen « moyen »?

Article : Niger : kiosque à essence, la station service du citoyen « moyen »?
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26 octobre 2021

Niger : kiosque à essence, la station service du citoyen « moyen »?

À Niamey, les stations d’essence se multiplient tout comme l’essence fraudée vendue en bidon dans chaque coin de rue. À la pompe, l’essence coûte 540 fcfa contre 500f l’essence fraudée : la différence qui fait le bonheur des habitants de Niamey(motocyclistes, taxi..).

Dans les rues de Niamey, la capitale du Niger, à côté des stations services, des revendeurs d’essence sont visibles dans les quartiers périphériques et sur certaines grandes artères. Nombreux sont les utilisateurs qui s’approvisionnent auprès de ses revendeurs d’essence malgré l’existence des stations services un peu partout dans la ville. Ils sont communément appelés « sogou sogou ». ils sont, pour la plupart, des jeunes désœuvrés, à la recherche de moyens de subsistance. Cette vente dite « anarchique » est interdite par les autorités locales car la plupart des revendeurs utilisent de l’essence fraudée provenant du Nigeria voisin. Bien qu’interdite, la vente du carburant fraudée est trop courante dans la ville de Niamey.

La lutte contre la fraude des hydrocarbures, est-elle inefficace ?

L’état effectue en effet des contrôles inopinés sur les grandes artères de la capitale pour inquiéter ces petits revendeurs à travers l’opération dite « coup poing ». Cette opération consiste à parcourir régulièrement les rues pour traquer les kiosques à essence avec les forces de l’ordre. Conscient de la menace de cette pratique, qui entraîne un manque à gagner pour l’état en matière de mobilisation des ressources, le gouvernement prévoit la mise en place d’un « comité » pour la lutter contre la fraude (communiqué du conseil des ministres du 21 octobre 2021). Beaucoup de citoyens pensent que le gouvernement n’attaque pas le problème à la source et trouve normal la prolifération des kiosques à Niamey. Ainsi, pour pouvoir lutter efficacement contre la fraude, le gouvernement doit revoir le prix de l’essence à la pompe afin de le rendre plus accessible au citoyen « moyen ».

L’avis de certains citoyens sur la fraude des hydrocarbures

Beaucoup de citoyens ce sont exprimés à l’annonce de la mise en place d’un comité de lutte contre la fraude des hydrocarbures. C’est le cas de Macky Kidi Aicha qui pense qu’« avec les sirènes du mal qui font clin d’œil à notre jeunesse, il y a un fort risque d’enrôlement si jamais des solutions ne sont pas proposées au taux de chômage qui va accroître. Il y a des villes frontalières comme Zinder, Maradi et Konni… où la fraude est carrément l’activité principale des jeunes. Cette fraude est accueillie par la population qui trouve son compte vu le prix élevé du carburant. Il est rare de voir un agent de l’Etat, fut-il celui censé traquer les fraudeurs, payer du carburant à la station à Zinder par exemple. Prenons en compte plusieurs angles pour éviter le pire à notre jeunesse qui souffre déjà de beaucoup de maux. » Mamane Moustapha Mato ajoute en affirmant que « oui la fraude est un sérieux frein au développement d’un pays, mais elle tire sa source où ? Le prix à la pompe n’est vraiment pas supportable pour les usagers et le chômage qui mine la jeunesse, quoi et comment faire? Au lieu de vos opérations coup de point, baissez plutôt les prix des hydrocarbures et vous verrez de façon automatique des résultats sans faire des mécontents dans le pays ».

Depuis plusieurs années l’état tente de lutter contre la fraude des hydrocarbures mais n’arrive toujours pas à éradiquer ce fléau. Beaucoup de jeunes au chômage en ont fait une activité « légale », génératrice de revenu. Il faudrait par ailleurs noter que, dans certaines régions frontalières du Nigeria voisin, il y a presque une quasi inexistence de station de service car la population s’approvisionne chez les petits revendeurs. L’Etat doit-il finalement chercher à éradiquer la vente de l’essence fraudée ?

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