Les journalistes nigériens face au coronavirus

Article : Les journalistes nigériens face au coronavirus
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12 juillet 2020

Les journalistes nigériens face au coronavirus

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséque⁸nces de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


Dans ce billet, la Mondoblogueuse Nyalla et moi-même avons porté notre attention sur celles et ceux qui font l’information au Niger. Ces journalistes qui, même lorsque le coronavirus venait d’arriver, lorsque la peur se lisait dans le regard des citoyens, lorsque les gens étaient confinés chez eux, ces journalistes passaient des heures sur le terrain à la recherche de l’information. Deux journalistes nigériens témoignent des conditions inédites dans lesquelles ils ont exercé leur métier.

Amina Dioffo de la Radio-Télévision Ténéré

© Amina Dioffo

Amina Dioffo est journaliste à la Radio-Télévision Ténéré de Niamey. Depuis que le coronavirus sévit au Niger, sa rédaction se mobilise pour couvrir l’actualité du Covid-19 et participer à la sensibilisation de la population. Elle raconte.

« On a couvert la crise avec différents reportages, des enregistrements de messages de sensibilisation qui passent chaque jour à la télé avant le JT de 13h et de 20h. C’est nous-mêmes, les journalistes de la rédaction, qui avons réalisé ces messages. On fait des reportages pour amener les gens à prendre en considération les couches vulnérables de la société, les enfants, les femmes et les vieillards. On a beaucoup parlé des talibés aussi, ces enfants qui sont abandonnés à eux-mêmes dans cette crise sanitaire inquiétante. Et on a beaucoup fait de sujets pour expliquer comment utiliser correctement les masques de protection et les dispositifs de lavage des mains, les gels antibactériens. Alors, pour apporter notre contribution, on travaille toujours en équipe. »

Quand le micro et la caméra deviennent une arme pour combattre le coronavirus
Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Amina n’a pas hésité à saisir son micro pour mener ce combat. 
« J’ai fait des reportages sur les enfants dans les écoles pour comprendre comment ils sont protégés par les responsables scolaires, comment ils mettent en place les gestes barrières. Dans certains établissements, les dangers du Covid-19 sont enseignés comme une leçon de morale pour que les enfants puissent comprendre le plus simplement possible les conséquences du coronavirus. »


Beaucoup d’autres idées de sujets ont traversé l’esprit d’Amina mais comme on le dit dans la profession, c’est le terrain qui commande. Malheureusement, l’accès à l’information n’est pas toujours accordé aux journalistes au Niger. 
« Il y a des sujets que je n’ai pas pu traiter. Par exemple, je voulais visiter les prisons pour voir comment les prisonniers sont traités pendant cette période. Je voulais savoir si les établissements ont à leur disposition des moyens nécessaires pour se protéger, des masques de protection, du savon, du gel désinfectant, etc. Mais je n’ai jamais eu l’autorisation. »

Quelles conséquences le coronavirus a-t-il eu dans le quotidien d’Amina ?
« Ma rédaction est scindée en deux, chaque équipe vient un jour sur deux pour travailler. Nous portons des masques pour aller sur le terrain, des masques donnés aux journalistes par la maison de presse. Quand le couvre-feu était effectif à Niamey, je ne pouvais pas sortir en reportage le soir, de peur de ne pas réussir à rentrer avant les heures indiquées. Ensuite, personnellement, mon salaire a été réduit, je ne reçois que la moitié de mon salaire habituel. »

A la fin de notre entretien, Amina me confiait être sereine quant à la situation au Niger car le pays enregistre de moins en moins de cas positifs


Omar Issa du groupe de presse Niger 24

Omar Issa, 29 ans, est journaliste reporter pour le groupe de presse Niger 24. Depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19 au Niger, ses conditions de travail ont totalement changé. Il raconte.

© Omar Issa

« Au niveau de notre rédaction, nous nous sommes évidemment conformés aux mesures prises par les autorités sanitaires pour respecter les gestes barrières. Par exemple, pour aller en reportage, on part avec un effectif réduit et muni de masques de protection. Nos moyens de précaution sont le port des bavettes, l’installation de dispositifs de lavage de mains, le respect de la distanciation sociale. »

Nos conditions de travail durant le Covid-19 © Omar Issa 

L’administration publique a mis à disposition de la presse des moyens pour se protéger, et les journalistes ont également bénéficié de certains appuis comme ceux de la Maison de la presse et de l’Association des Professionnels Africains de la Communication (APAC) / Section du Niger. Ils ont reçu des masques et des dispositifs de lavage des mains.

Formation sur le renforcement de capacités en temps de Covid-19 © Omar Issa 

Pour Omar, la situation au Niger est aujourd’hui plus ou moins stable. Il suit l’évolution de la pandémie via le site Ministère de la Santé, qui, chaque soir, met en ligne un communiqué pour informer sur la situation hebdomadaire.  
“Dans ce communiqué, il est rappelé que le port de la bavette est obligatoire, surtout pour un journaliste qui est censé sensibiliser la population sur les risques de la maladie. Beaucoup de reportages ont d’ailleurs été réalisés par le groupe Niger 24 sur la pandémie de coronavirus. Nous devons continuer à jouer notre rôle qui est d’informer et de sensibiliser la population.

Omar explique que le coronavirus a bouleversé les médias. La situation des organes de presse était déjà morose avant l’arrivée de la maladie car les télévisions privées sont dans une situation financière difficile, et la crise a amplifié la situation.
« La pandémie de Covid-19 a bouleversé le secteur des médias au Niger, beaucoup de d’organes de presse, surtout les chaînes de télévisions, ont dû mettre une partie de leur personnel au chômage technique. »


Comment Omar a couvert la crise du coronavirus 

« En tant que journaliste, je fais beaucoup de sujets allant de le sens de la sensibilisation des populations sur le Covid-19 car aujourd’hui la seule arme face au Covid-19, c’est la prévention. Je fais des reportages sur le Covid-19, comme l’actualité l’oblige, mais j’essaye aussi, à travers les réseaux sociaux, de toucher le plus de personnes possibles en publiant chaque soir la note d’information du Ministère de la Santé. L’idée c’est d’appeler le plus possible au respect des mesures préventives. »

Selon le journaliste, le Niger a su réagir à temps. Grâce aux mesures prises par le gouvernement, le travail colossal abattu par les médias et le personnel soignant, la pandémie n’a, pour le moment, pas fait de ravages au Niger.
« Aujourd’hui, grâce à Dieu, le résultat est satisfaisant car chaque jour, on enregistre moins de cas au Niger. Sur le terrain, on constate que les gens tentent plus ou moins de respecter les mesures préventives. Les médias ont sans nul doute joué un rôle important dans le cadre de la lutte contre le le Covid-19, parce que les médias sont des canaux de transmission d’informations fiables. »


Considérés comme le troisième pouvoir, les médias jouent, sans nul doute, un rôle primordial dans la lutte contre le Covid-19. Ces hommes et femmes journalistes ont été créatifs pour continuer à diffuser du contenu sur la crise sanitaire. Ils n’ont pas abandonné leur mission première : informer.

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Commentaires

Fanchon Plan B
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Merci pour ce focus intéressant